Coups de cœur – Art public Montréal

Je sillonne la ville à pied, à vélo et en transport en commun et apprécie découvrir des œuvres d’art au fil de mes déplacements. Liée au hasard de ces rencontres. Ma sélection de coups de cœur rend hommage aux nombreuses femmes artistes qui façonnent les espaces publics que je fréquente au quotidien.

Julie Favreau
Moments, 2018
photographie imprimée sur support d’aluminium
Maison de la culture Claude-Léveillée

J’habite le quartier Rosemont-Petite-Patrie depuis plus de 25 ans. J’ai recommencé à fréquenter le Centre Jean-Marie Gauvreau à l’ouverture de la Maison de la culture Claude Léveillée. Dans l’espace du vestibule, j’ai découvert avec beaucoup d’émerveillement la mosaïque photographique de Julie Favreau. Cette dernière propose un réenchantement des gestes, du corps et des objets par leur traitement stylisé, familier mais exotique. Le vocabulaire plastique évoque la sculpture, la danse, ou l’art de l’ikebana, ainsi que traditions artistiques variées représentant un enrichissement mutuel des cultures.

Marie-France Brière
Ondes, 2005
granit noir poli
École de musique Schulich, Université McGill

Au Service de l’intégration des arts à l’architecture, j’ai été témoin privilégiée de l’évolution en art public de Marie-France Brière. Ici, le choix de la pierre comme matériau, ainsi que la composition, évoquent la géologie du site dont les architectes Saucier + Perrote se sont inspirés. Ondes renvoie aussi au phénomène sonore au fondement de la musique et affirme avec finesse la vocation du pavillon de l’université. Les variations de la lumière sur la pierre, percée de part en part, modulent des jeux de reflets et de chatoiement et offrent une expérience optique fascinante, en contraste avec la frénésie urbaine.

Annie Hamel
Cent motifs, un paysage, 2010
murale (acrylique peint)
Parc Saint-Roch

Je passe régulièrement près de cette oeuvre, au fil de déplacements à vélo, à la sortie du parc Jarry, en route vers le quartier Parc-Extension ou la ville de Mont-Royal. Cents motifs, un paysage représente l’expérience même de ce trajet fort en contrastes, notamment par la diversité des cultures et des quartiers qu’il permet de côtoyer. Par le renvoi à la beauté d’étoffes et de tissus imprimés venus d’ailleurs, et à la confection soignée de broderies et de dentelles traditionnelles, Annie Hamel rend hommage à la population plurielle de Montréal et à l’apport respectif de ses diverses traditions.

Rose-Marie Goulet
Nef pour quatorze reines, 1999
Installation
Place du 6-décembre-1989

Diplômée de l’Université de Montréal, j’ai fréquentée le site avant qu’il ne devienne la place du 6 décembre 1989, à la mémoire des femmes victimes de la tragédie de l’École Polytechnique, une institution où mon père enseignait et où je l’ai souvent accompagné enfant. L’évènement m’a donc profondément bouleversée. La forme vide des noms et prénoms des femmes tuées ce jour fatidique exprime de manière explicite leur absence, en même temps que la difficulté à les décrypter force un temps d’arrêt, obligeant à consacrer un moment à se souvenir activement d’elles, autant qu’à se les remémorer par la mention de leurs noms.

Dominique Blain
Le lieu de la présence, 2005
Installation
Grande bibliothèque (BAnQ)

Gravée dans le verre, la mention «Vous êtes ici», habituellement utilisée comme point de repère sur une carte, suscite ici une prise de conscience du temps et de l’espace. Des silhouettes de piétons traduisent l’expérience de marche telle que vécue ailleurs dans le monde. Sur le dessus des tables à proximité, des reproductions de cartes de la collection de la BanQ soulignent l’évolution historique du site de l’édifice. L’ensemble nous confronte aux réalités d’individus, en contraste avec un expérience «ici et maintenant». L’artiste développe dans cette œuvre le propos d’un autre projet non réalisé, attestant en cela combien l’espace public sert autant comme matière à explorer que de lieu de diffusion.