Murmures du quotidien

Désigner graphique : Dominique Mousseau

En 2015, autour du thème Murmures du quotidien, cette 33e édition du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul explorait la place qu’occupe le quotidien dans la création des artistes d’aujourd’hui. Under the theme Whispers of everyday life, this 33th edition of the International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul examined the place everyday life occupies in contemporary artistic creation. (Français / English)

ENGLISH FOLLOWS

Le Symposium

Le Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul est un événement unique au Québec. Chaque année, pendant un mois, douze artistes de différentes générations et de disciplines variées, sont invités à travailler devant public autour d’un thème.

Souvent associé à un train-train et à une routine exprimant une aliénation, le quotidien renvoie aussi à la vie privée, à un havre personnel. Il réfère aussi aux objets, aux gestes et aux rituels autour desquels s’articule la vie de tous les jours. Ces figures de l’ordinaire renvoient à un espace intermédiaire où le personnel se mêle au public et où l’intimité demeure liée à une expérience commune qu’infiltrent le politique et le social.

En présentant des pratiques diverses autour du quotidien, la 33e édition du Symposium tentait d’en esquisser les contours tel que les artistes l’interprètent.

Soi, le collectif ou le quotidien d’artiste

Voici quelques pistes liées aux diverses manières d’aborder le quotidien :

  1. La présentation d’objets, de gestes et d’environnements familiers ;
  2. La réminiscence et l’évocation de souvenirs liés au quotidien;
  3. L’enchantement ou la dramatisation du quotidien ;
  4. Les pratiques en rupture avec les routines et les habitudes du quotidien ;
  5. La représentation de la vie quotidienne d’autrui ou de groupes communautaires ;
  6. La contamination et l’infiltration de leurs rituels ;
  7. L’expression du quotidien de la vie d’artiste ;
  8. Les routines et les protocoles un ou une artiste s’astreint à chaque jour.

Sélectionnés à la suite d’un appel de projet ou invités, les douze artistes retenus pour cette édition du Symposium utilisent des objets, des gestes et des scènes de la vie courante, comme vecteurs de créativité et d’enchantement ou comme révélateurs de la complexité des rapports humains, liant notamment l’individuel et le collectif. Aujourd’hui, les réseaux sociaux et Internet redéfinissent aussi ces sphères d’activité et contribuent à un déploiement inédit d’expériences liées au quotidien.

 

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Christopher Boyne, the passers, en cours de réalisation au SIACBSP 2015. Photo : René Bouchard

Christopher Boyne s’intéresse à la marine marchande, aux bateaux, aux instruments et aux outils de navigation. À travers des documents et des images d’archives, des souvenirs personnels ou des références à des œuvres de fiction, ses installations mettent en branle des récits stimulant une réflexion, une nostalgie ou une réminiscence propre à chacun.

Dans le cadre du 33e Symposium, il a réalisé une maquette en bois de chacun des navires passant sur le fleuve, au large de Baie-Saint-Paul. Le temps consacré à la réalisation de chacune de ces miniatures était déterminé par le moment de passage du prochain navire. En plus du bateau lui-même, chacune représente ainsi l’intervalle de temps entre le passage du bateau qu’elle reproduit et celui qui le suit immédiatement. Certaines maquettes sont donc très élaborées et détaillées, alors que d’autres se résument à une esquisse, voire un bloc correspondant au volume à l’échelle du bateau représenté.

Le rythme de ces passages au large de Baie-Saint-Paul marque discrètement le quotidien des habitants. Rendu ici visible de manière inusitée, il ancre ainsi le propos de Boyne dans la réalité régionale, mais l’ouvre aussi à d’autres imaginaires liés à la mer et à la navigation.

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Christopher Boyne, the passers, en cours de réalisation au SIACBSP 2015. Photo : René Bouchard

 

Mathieu Cardin crée des espaces narratifs au moyen de mises en scène d’objets manufacturés et fabriqués. La confrontation entre le naturel et l’artificiel, ou entre le réel et le factice, se trouve au cœur de ses préoccupations plastiques. Sa pratique de déploie principalement sous forme de sculptures et d’installations. Sa démarche crée un univers parfois absurde par l’accumulation et par la déconstruction. Dans ses œuvres, les lieux quotidiens reproduits ou transformés s’affichent comme un laboratoire provoquant des ambigüités entre fiction et réalité.

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Mathieu Cardin au SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

 Dans cet esprit, Mathieu Cardin a transformé son espace d’atelier afin d’y explorer diverses modalités de représentation du paysage. Les idées ainsi développées se sont articulées autour de ce lieu de travail plastique, afin de l’habiter, de le documenter et d’en dégager une mythologie.

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Mathieu Cardin, SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

 

Le travail de Annie Descoteaux repose sur le collage et l’assemblage de papiers découpés, ainsi que sur une fascination pour les relations parfois absurdes que l’on entretient avec notre quotidien. Son travail décrit, sous forme de charades ou de rébus plus ou moins intelligibles, des situations complexes ou des états d’âme. La mise en scène, voire en jeu, d’éléments en apparence anodins lui permet de poser un regard amusé, parfois déroutant, sur nos habitudes de consommation.

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Annie Descoteaux, SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

Dans son espace d’atelier, l’artiste a juxtaposé une panoplie d’objets usuels à des œuvres sur papier afin de produire, au moyen de rapports d’échelle ambigus, une tension entre leur caractère réel et leur représentation. Fournitures de bureau, accessoires de sports, plantes ornementales étaient regroupés en des assemblages à première vue aléatoires, mais dont la trame narrative était vraisemblablement minutieusement orchestrée.

Anna Hawkins s’intéresse à la façon dont nous percevons et comprenons les images à l’ère de l’Internet, et comment celles-ci façonnent profondément notre vie quotidienne. Ses œuvres vidéo s’approprient sur un pied d’égalité des motifs de l’histoire de l’art et des images issues la culture internet contemporaine.

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Anna Hawkins, SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

Dans un contexte marqué par la prolifération de la culture visuelle, elle isole des images et des extraits vidéo et les juxtapose à d’autres dans une proposition plastique en permettant une relecture. Leur reprise souligne parfois par l’absurde, les distorsions et les conventions que la culture contemporaine impose à notre regard et à notre compréhension de la réalité qui nous entoure.

À Baie-Saint-Paul, Anna Hawkins a travaillé sur des œuvres vidéographiques à partir de vidéos de type « how to » trouvées en ligne. Ces tutoriels s’invitent aujourd’hui dans nos vies au quotidien. Par le biais d’un travail de recadrage et d’un traitement numérique, les gestes domestiques simples mis en avant ont été décontextualisés et désincarnés, jusqu’à devenir presque abstraits et purement répétitifs.

 

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Suzanne Joos, Au jour le jour, les mots et les parcours des astres, 2015. Photo : René Bouchard

Suzanne Joos s’intéresse au phénomène de désorientation créé par une cartographie imaginaire. Prônant qu’un état de désorientation peut agir comme repère, elle s’intéresse à la géographie personnelle. Elle questionne les perceptions et les conceptions du territoire, leur impact sur le lisible et le visible. Actualisant des liens entre le microscopique et le macroscopique, le privé et le public, son travail aborde le détournement de mots du quotidien.

 Réalisée au Symposium, son installation Au jour le jour, les mots et les parcours des Astres a transformé l’espace d’atelier en un centre de documentation fictif voué à une relecture des horoscopes quotidiens. Investissant murs et rouleaux de papier, Joos a créé des parcours imaginaires ludiques. Sur le mode du palimpseste, un manuscrit effacé pour recevoir un nouveau texte, l’accumulation de prédictions tirées d’horoscopes journaliers transcendait la banalité du quotidien.

 

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David Martineau Lachance, 33e SIACBSP 2015. Photo : René Bouchard

Riche de son bagage en cinéma, le travail de David Martineau Lachance s’articule autour de thèmes archétypaux et de leurs manifestations dans la culture populaire. Dans un certain foisonnement d’idées et d’images associées à l’enfance, il met en avant une mythologie de l’occulte et des références au spectacle comique. Interrogeant ce monde singulier, ces œuvres tentent de rendre leur mystère tangible et d’exprimer son empreinte sur l’imaginaire collectif.

À l’été 2015, Martineau Lachance a revisité ses dessins réalisés entre l’âge de 2 et 12 ans, lors de séjours d’été passés dans la région de Charlevoix. À Il dessinait alors ce qu’il voyait chaque jour, mais également les idées et les images de la culture populaire qu’il assimilait au fil du temps. Dessin par dessin, en les recopiant et les réactualisant, il retrace l’évolution de ce quotidien et de ses intérêts plastiques personnels depuis cette époque.

 

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Mireille Perron, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

 Au début du XXe siècle, l’écrivain français Alfred Jarry décrit « l’indiscipline » de la « pataphysique » comme la science des solutions imaginaires et des lois qui régissent les exceptions. Cette méthode accorde aux objets courants les propriétés de leur potentiel évocateur. Toutefois, tout comme sa contrepartie plus rationnelle, la physique normative, la « pataphysique » reste un domaine surtout masculin.

En réponse au besoin évident d’une pataphysique féministe, Mireille Perron fonde Le Laboratoire féministe de Pataphysique en 2000. Une de ses déclinaisons populaires consiste en sa flottille d’Unités Mobiles d’Urgence, intervenant rapidement partout où une opération de « pataphysique féministe » est requise. À titre d’exemple, l’Unité Mobile d’Urgence – Identité réinterprétait la légende du castor castré, un récit imaginaire autour de l’emblème du Canada.

 À Baie-Saint-Paul, Perron a produit en collaboration avec les visiteurs près d’une centaine d’emblèmes individuels à partir du procédé de cyanotype sur coton. D’utilisation simple, cette technique permet une impression directe et permanente d’ombres d’objets déposés sur un tissu sensibilisé à la lumière du soleil. Les habitants de la région de tout âge, les visiteurs, les participants et les collaborateurs du Symposium ont composés leur propre « armoirie » à partir d’objets symbolisant leur vie quotidienne. L’ensemble compose une Unité Mobile d’Urgence inédite et emblématique des armoiries du quotidien de ces citoyens.

 

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John Player, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

La démarche picturale de John Player s’articule autour d’une recherche sur le climat de surveillance de masse actuel et sur la militarisation progressive de la vie quotidienne. Par le biais d’une appropriation d’images tirées de médias de masse, de journaux et d’archives trouvés sur Internet, l’emprise connue, mais peu visible, de cette menace nous est ainsi dévoilée, notamment les dispositifs et les infrastructures de production d’imagerie satellite et de photographies aériennes, ainsi que les systèmes électroniques de détection et de surveillance de l’espace public.

Le temps consacré à l’exécution de tableaux et l’interprétation plus contemplative de la peinture s’opposent à l’obsession pour la vitesse, la transmission et le contrôle en temps réel et à distance, caractéristiques de cette économie militaire. John Player tente ainsi de susciter une prise de conscience, voire de provoquer une résistance à cette logique alarmiste inquiétante. Sa manière de critiquer en peinture le discours géopolitique ambiant contre l’aliénation technologique du monde et permet d’interpeller le plus grand nombre d’individus afin de provoquer un débat sur ces questions cruciales.

 

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Bernard Pourrière, 33e SIACBSP, 2015. Photo : Bernard Pourrière

 Bernard Pourrière explore la matière sonore en lien avec les gestes et les mouvements du corps dans l’espace, ainsi que le corps en interaction avec les nouvelles technologies. Son travail se présente sous forme d’installations parfois interactives, de performances ou de vidéos, et s’inspire de mouvements et d’actions du quotidien. Il s’interroge ainsi sur la transformation du vécu humain modelé par l’évolution des nouvelles technologies, ainsi que sur nos mouvements et nos gestes en corrélation avec l’univers multimédia actuel. À Baie-Saint-Paul, son projet mettait en scène les gestes répétés en atelier et invitait les visiteurs à performer des actions courantes, qu’un travail de montage vidéo et sonore nous amenait à percevoir autrement.

 

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Karen Elaine Spencer, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

Au moyen d’interventions éphémères, d’œuvres plastiques, et de textes, Karen Spencer explore les relations de pouvoir infiltrant le quotidien d’individus, notamment de personnes marginalisées par leurs conditions sociales. En parallèle, elle poursuit une activité de bloqueuse liée à ses projets artistiques, s’immisçant ainsi dans les réseaux mêmes où s’expriment les pouvoirs économique et politique.

Son intérêt pour le texte et la parole relève d’une préoccupation pour l’intelligibilité, pour la transposition du réel, ainsi que pour les amalgames entre les formes de représentation. Ce parti-pris la force à toujours imaginer et créer des ponts entre les médiums artistiques et les divers moyens de communication.

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Karen Elaine Spencer, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

À Baie-Saint-Paul, elle a mené des recherches s’inspirant des unes de journaux locaux, nationaux et internationaux, ainsi que de publications Web et sur les média sociaux. Au moyen d’un blog intitulé pourrait-etre-fait, autour d’œuvres plastiques réalisées à la main devant public, elle s’est interrogée sur le désengagement des gouvernements et ses conséquences pour les citoyens vivant dans la région de Charlevoix.

 

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Marie-France Tremblay, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

Intéressée par la sérigraphie et la vidéo d’animation, ainsi que le tricot et la couture, Marie-France Tremblay s’inspire de son quotidien. Dans cet état d’esprit, elle s’est astreinte pendant plus de cinq ans à publier une image par jour sur son blog marie-dessine. Ses recherches plastiques se nourrissent de sa vie courante autour d’installations monumentales illustrant des scènes banales et troublantes où interagissent une multitude de personnages.

Sa participation au Symposium lui a permis de réaliser une œuvre de sérigraphie de grand format inspirée de situations et des gestes quotidiens composant une scène animée et intrigante provoquant une réflexion ludique sur notre vie de tous les jours, notamment dans le contexte de vacances et de loisirs.

 

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Mirimari Väyrynen, 33e SIACBSP, 2015. Photo : René Bouchard

Mirimari Väyrynen s’intéresse à la Nature et à sa représentation sous forme de paysage, notamment en peinture. Elle aborde cette tradition picturale en terme d’écologie, du point de vue de l’être humain en relation avec la nature et le monde. La matière lui sert d’outil de réflexion et de recherche. Elle l’utilise non seulement pour créer une image en deux dimensions, mais pour ses qualités intrinsèques de matériau en lien avec à les objets du réel et leur matière première.

 À Baie-Saint-Paul, elle a réalisé des tableaux où une matière picturale très fluide réfère au caractère organique du territoire représenté sous forme de paysage et où le travail avec la matière picturale parfois fondue et agglutinée renvoie à la vulnérabilité de la forêt et aux transformations qui la menacent. Son installation traitait de ses préoccupations environnementales et soulignait le lien de dépendance liant notre bien-être à la préservation de la nature.

D’après les textes rédigés pour la 33e édition du Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul en 2015, placée sous la présidence d’honneur du photographe Gabor Szilasi, avec le peintre et écrivain Marc Séguin comme porte-parole.

ENGLISH

The Symposium

The International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul is a one-of-a-kind event in Québec. Year after year, during a full month, twelve artists from different generations and a variety of disciplines are invited to produce in public works inspired by a specific theme. The program also includes lectures, performances and projections related to the theme.

The twelve guest artists for this edition of the Symposium have been selected following the submission of a project or have been invited by the artistic director. All of them use objects, gestures and scenes of everyday life as vectors of creativity or enchantment, or as revealers of the complexity of human relations, thus linking individual and collective realities.

As well, the social networks and the Internet are redefining these personal and collective spheres and they contribute to an unprecedented deployment everyday experiences that are readily appropriated by numerous artists.

 

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Christopher Boyne, the passers, 2015. Photo : René Bouchard

Using archival documents and images and memories from personal experience or fiction, Christopher Boyne creates artwork that produces a multiplicity of resonances. His installations thus become a narrative that prompts a personal reflection, nostalgia or reminiscence. He employs a variety of mediums: photography, installation, cinema, sound, drawing and writing. Merchant marine, boats and navigation instruments and tools are among his interests.

During the Symposium, he has made wooden models of every merchant ship that passes Baie-Saint-Paul on the Saint-Laurence river. The amount of time he spent on each model depended on the moment when the next ship passed. The models will thus reveal the amount of time between each passing. Some will be refined and highly detailed, while others may be crude and incomplete.

These random sightings of ships off the coast of Baie-Saint-Paul are discreet markers in the daily life of its inhabitants. The artist will give them an unusual form of visibility that is derived from Christopher Boyne’s interest for maritime traffic. As it gives a concrete form to the artist’s discourse, the process will also lead to other images related to the sea and navigation.

 

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Mathieu Cardin, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

Mathieu Cardin creates narrative spaces by bringing into play a medley of manufactured and fabricated objects. Confrontation between what is natural and what is artificial — or what is real and what is phoney — is at the centre of his practice. It takes shape mainly through sculpture and installation where accumulation and deconstruction stand side by side in a universe of absurd imagery. In his works, copied and transformed everyday locations become a laboratory where the artist lays down fiction alongside reality.

During the Symposium, he transformed his workspace in order to bring into it an accumulation of representations of the landscape. The collected ideas developed into an inner landscape which can be inhabited and documented and from which a mythology can be extracted.

 

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Annie Descoteaux, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

Central to the work of Annie Descôteaux are collage and assemblage of cut-outs of colour paper as well as a fascination for the sometimes absurd relationships we maintain with material possessions. For her, the objects of everyday life describe, in the form of charades or of more or less intelligible rebus, complex situations or states of mind. Their interplay allows the artist to cast an amused and sometimes puzzling eye on our way of life and our consumption habits.

During the Symposium, she juxtaposed a panoply of everyday objects with her paper works in order to produce, with ambiguous scale comparisons, a tension between their actual character and their representation. Office supplies, sports accessories, and indoor plants were brought together in seemingly random assemblages, although their narrative line was presumably highly staged and scripted.

 

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Anna Hawkins, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

Anna Hawkins‘ recent works deal with our perception and understanding of images in the era of the Internet. They examine how deeply these images affect our daily lives. Her recent video works appropriate, on an equal ground, images from art history and images from contemporary Internet culture.

In our present context that is marked by an infinite proliferation of images, the artist isolates each of these representations and, by collage, juxtaposes them to other pictures and videos in a heterogeneous composition which makes it possible to revisit them. Their readily identifiable forms make the visual representations intelligible. However, their reissue and treatment emphasize, through absurdity, the distortions and conventions they impose on our perception and understanding of the reality around us.

In Baie-Saint-Paul, Anna Hawkins, using a loose reconstruction approach, has produced a video that will constitute an analysis of “how to” videos found online. Nowadays, these tutorials invite themselves into our lives, both at the societal and at the intimate levels. Through framing and chromakeying, these simple videos are decontextualized and disembodied, and thus become abstracted, esoteric and ritualistic.

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Mireille Perron, 2015. Photo : René Bouchard

In the early 20th century, Alfred Jarry described the “indiscipline” of pataphysics as the science of imaginary solutions and of the laws that regulate exceptions. This method attributes metaphorically to the general aspect of objects the properties described in their potential. However, like the more rational normative physics, its companion, pataphysics remains a mainly masculine domain. In response to the obvious need for a feminist pataphysics, Mireille Perron founded in 2000 the Laboratory for Feminist Pataphysics. It is a place where social experimentations, while revisiting with humour generally accepted ideas, can be passed off as works of art.

One of the popular achievements of the Laboratory of Feminist Pataphysics has been its flotilla of Emergency Mobile Units (EMU). These Emergency Units intervene quickly wherever a feminist pataphysics operation is required. For example, the Emergency Mobile Unit — Identity reinterprets the legend of the castrated beaver, a fictitious story about a Canadian emblem.

In Baie-Saint-Paul, Perron produced in collaboration with volunteers, close to 100 individual emblems using the cyanotype process on cotton cloth. The technique is simple to use and can produce a direct and permanent print of the shadows of objects placed on a piece of cloth that is sensitive to sunlight. Visitors, artists and collaborators of the Symposium, designed their very own “coat of arms” with objects symbolic of their everyday lives. The print collection constituted a new Emergency Mobile Unit emblematic of everyday whisperings of the participants.

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Suzanne Joos, Au jour le jour, les mots et les parcours des astres, 2015. Photo : René Bouchard

As a multidisciplinary artist, Suzanne Joos is interested in imaginary cartography. While she advocates that a state of disorientation may serve as landmark, she studies notions of personal geography and of exploratory spaces. She queries the perceptions and the concepts of territory and their mutual relationships with legible and visible realities. She creates links between the microscopic and the macroscopic, and between public and private

Entitled Au jour le jour, les mots et les parcours des Astres, her installation at the Symposium transformed her workspace into a fictitious documentation centre devoted to a new reading of daily horoscopes. Using the walls and rolls of paper, she created new streams of playful meanings by appropriating and displacing concepts chosen from day to day horoscopes. As in a palimpsest, where writing has been partially erased to make way for another text, the accumulation of words transcended their daily meaning.

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David Martineau Lachance, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

With his rich background in filmmaking, David Martineau Lachance mainly centres his work on archetypal themes. Primordial shapes and their place within cultural context are central to his practice in the visual arts. He offers prolific ideas and images inspired by figures that reoccur throughout recent history, in a mythology of the occult but also in comedy show, evoking a sensitivity associated with childhood.

These works question strange worlds and they try to make their mystery tangible and express their imprint on collective imagination, as they make references to obelisks, totems and ritual masks, or to hot air balloons, aliens and animals.

During the Symposium, David Martineau Lachance revisited drawings he produced between the ages of 2 and 12 during summer holidays in the Charlevoix region. Back then, he made drawings not only of things he saw, but also of ideas and images that he assimilated systematically over time. As he copied and updated each drawing, he retraced the evolution of his day-to day artistic interests, stemming from his childhood.

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John Player, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

John Player’s art centres on the climate of mass surveillance that prevails and the progressive militarisation of everyday life. It represents in paintings — a medium that is usually confined to the private sphere — equipment and infrastructures that produce satellite imagery and aerial photography, as well as electronic systems for detection and for surveillance in public spaces.

By appropriating images borrowed from mass media, newspapers and archives available on the Internet, the artist reveals the scope of a menace that is well known and pervasive, but barely visible. The time devoted to the execution of the paintings and to their contemplation and interpretation is in opposition to the dominant culture’s obsession for speed, transmission and remote control in real time that is characteristic of a military economy.

In Baie-Saint-Paul, John Player pushed further in that direction. Painting, his chosen means for criticizing the current geopolitical discourse, may appear to be outdated in the presence of contemporary concerns. In fact, it simplifies and humanises the technological alienation of the world, and it calls on the largest number of individuals to engage in a debate on issues related to peace and social justice.

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Bernard Pourrière, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

Bernard Pourrière explores the sound material as it relates to the movements of the body in a given space, as well as to the body as it interacts with new technologies. His works take the form of performances, videos and installations that are occasionally interactive. Within the context of these works, he gathers and compiles movements and actions of everyday life that he later uses for in situ productions.

The artist questions the evolution and transformation of human living as it is shaped partly by the evolution of new technologies. He is interested in displacements, movements and gestures of the body within a space, as it correlates with the universe of the multimedia.

 In Baie-Saint-Paul, his project related to the human body executing repetitive gestures and movements of everyday life. Pourrière observed his own daily routines, as well as the visitors ‘ones and found a creative angle casting a new eye our living spaces and habits.

 

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Karen Elaine Spencer, 33th International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul, 2015. Photo : René Bouchard

Using ephemeral interventions, painting, drawing and prints as well as text and spoken words creations, Karen Elaine Spencer explores the power relationships that pervade the daily lives of individuals, particularly of persons who have been marginalised by their social condition. At the same time, she maintains a blogging activity that ties in with her artistic projects, thus infiltrating networks where economic and political powers find their expression.

The artist’s interest for text and the spoken word comes from her preoccupation with intelligibility, with the translation of one reality into another and with amalgams inherent to all forms of representations. This fundamental choice forces her to always imagine and create bridges between artistic mediums and the various means of communication.

In Baie-Saint-Paul, Spencer explored issues frequently placing rural and urban societies in opposition to each other. She found her inspiration in local, national and international newspapers, as well as Web publications and postings on the social media. Using a blog, painting, drawing, print and texts, she will examined current government disengagement policies and their repercussions on people living in the Charlevoix region.

 

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Marie-France Tremblay, 2015. Photo : René Bouchard

Marie-France Tremblay uses various techniques — silkscreen printing, knitting, sewing and video animation — and she finds inspiration in everyday life. Her artistic research feeds on random events she transforms into small series of objects, images or motifs. Her works stand as monumental panoramas of daily scenes that may seem banal, but that are disturbing and populated by a multitude of actors.

For over five years, under the name marie-dessine, she has been publishing a daily image on her personal Web site. Her ongoing creative activity is deployed in multiple ways and under many forms. During the Symposium, Tremblay produced a large-size work inspired by everyday situations and gestures, creating an animated and puzzling scene where hundreds of actors who, while engaged in various banal activities and interacting with common objects, challenged the spectators to reflect amusingly on their everyday lives.

 

03_Mirimari Väyrynen_33e Symposium international d'art contemporain_Photo René Bouchard
Mirimari Väyrynen, 2015. Photo : René Bouchard

Mirimari Vayrynen’s participation in the International Symposium of Contemporary Art of Baie-Saint-Paul followed a first residency at Meduse in Québec City.

She is interested in nature and in its manifestations as landscapes. She explores this pictorial tradition that she deconstructs and recomposes in order to pose environmental questions. She considers the landscape in ecological terms and from a human perspective. While in Baie-Saint-Paul, Mirimari Vayrynen realised landscape paintings and insttallation where the very fluid pictorial matter made reference to the organic nature of the land. Her work dealt with environmental issues and underscored.